Janvier-Février-Mars: Quand le soleil revient
Les festivités de Noel sont passées, le nouvel an a été célébré et 2017 est arrivé.
Les jours passent et ne se ressemblent pas vraiment.
Malgré la nuit, il est toujours possible de sortir faire un tour hors de la ville. Mon niveau de ski étant ridicule, le traineau est parfait pour moi.
Deux chiens quelque part dans la nuit.
Nous avons aussi des visiteurs au beau milieu de la nuit polaire. Je ne me souviens plus du nom de cet oiseau, je l’ai toujours appelé « poulet blanc ».
La nuit qui était omniprésente s’efface progressivement et chaque jour, la lumière revient un peu plus. Les paysages que nous ne voyions que par nuit de pleine lune sont désormais visibles pendant la journée.
C’est donc le moment de profiter des dernières aurores boréales avant que le jour ne s’installe pour quelques mois.
Les animaux reviennent (ou c’est juste que maintenant, nous sommes capables de les voir). Des rennes cherchent à manger en ville, quelques oiseaux sont déjà là et des traces de renards sont visibles même si ceux-ci se cachent encore.
De nouveaux voisins sont arrivés récemment au dogyard. De nouveaux amis pour Chili?
Chili en pleine action
Les nouveaux arrivants !
Enfin les premières couleurs apparaissent en Février, il est assez étrange de réaliser que quelques semaines plus tôt, tout était plongé dans l’obscurité.
Les gens ici m’ont souvent dit qu’on réalise que la lumière nous a manqué au moment où elle revient. C’est tout à fait vrai. On prend facilement le pli de vivre dans le noir, on change ses habitudes, toujours avoir une lampe sur soi ou encore toujours avoir le gilet fluorescent pour être facilement repérable. La seule grosse différence pour moi ce sont les sorties hors base.
Ne plus avoir besoin de regarder constament partout de peur de voir surgir un ours polaire est particulièrement relaxant.
Premières lueurs
Lumineux mais venteux
Enfin, début Mars, le soleil fait son apparition. Depuis Ny-Alesund, celui-ci était visible à partir du 8 Mars mais depuis la station Zeppelin (environ 500m d’altitude), le soleil était visible un peu plus tôt dans la semaine.
Ny-Alesund, toujours dans l’ombre
Je n’étais pas sortie du village depuis des lustres et il était grand temps de changer cela. Profitant d’un week-end de liberté, nous avons pris les snowscooters et sommes allés à Daerten.
Daerten
Soleil depuis Daerten
Stenehytta
La cabine Stenehytta a brûlé en 2005 et a donc été totalement reconstruite.
Kjaersvika
Geopol
Papphytta
Et enfin qund on ne l’attendait plus, le soleil revient. On redécouvre les ombres et les contrastes.
Premier soleil visible depuis Ny-Alesund
Une joie de courte durée, le vent et la neige reprennent leurs droit peu après et les SnowBlowers sont de sortie.
Iceberg Party
Sur ce, je vous laisse avec cette dernière photo d’aurore. La nuit n’est plus assez sombre pour en voir dorénavant.
A bientôt pour de nouvelles aventures polaires!
Décembre : Vive le vent
Le mois de Décembre est censé être le mois le plus calme du point de vue logistique. Les scientifiques sont repartis chez eux et à part quelques irréductibles qui sont restés jusqu’à la dernière minute, nous sommes désormais seuls pour les fêtes de fin d’année.
A ma plus grande joie, les Norvégiens ont l’air de particulièrement apprécier Noel. Un comité spécial Noel a d’ailleurs été créé avec pour but de proposer des activités pour tout le mois de Décembre.
Le sapin a été fièrement dressé à l’extérieur du Mess sur un bloc de glace. Il a fallu l’enlever temporairement le soir-même, une tempête ayant été prévue… Mais il fut remis en place une fois la tempête passée.
Le 1er Décembre, le renne Rudolf attendait les visiteurs au Mess avec des cadeaux plein le dos. C’était également le début de la chasse au Rudolf: 24 Images de Rudolf avaient été disséminées en ville et les autochtones disposaient de 24 jours pour les trouver. (Pour les collègues en Antarctique: Oui, je me recycle, après Charlie, je cache des rennes :p )
De nombreuses activités sont à prévoir : un quiz international à l’hôtel du Pôle Nord, un marché de Noel riche en saveurs, des soirées films de Noel avec les grands classiques : Maman j’ai raté l’avion ou encore Die Hard.
Les traditionnels feux de Noel étaient également de la partie, la construction de bâtiments en pain d’épices, L’atelier du Père Noel où nous avons pu confectionner plein de décorations.
La décoration des sapins de Noel le 23 Décembre suivi de « Miss Sophie », un court métrage très connu en Norvège et en Allemagne qui est regardé à Noel ou au Jour de l’An.
Le soir de Noel, les gens chantent des « Christmas Carols » et dansent autour du sapin.
Et je vais maintenant attaquer un chapitre important: la nourriture.
Par où commencer…
Les Norvégiens ont pour tradition de manger ce qu’ils appelent « Lutefisk ». Accrochez-vous, c’est parti. Le Lutefisk est une sorte de poisson, qui ressemble à un poisson mais n’a pas le goût de poisson. Et voici pourquoi: Vous prenez un poisson blanc séché que vous mettez à tremper pendant une semaine dans de l’eau froide. Ensuite, vous le mettez à macérer dans une solution d’hydroxyde de sodium pendant 2 jours. Après cela, impossible de le manger directement, il faut le remettre dans de l’eau froide pendant presque une semaine en changeant l’eau tous les jours. Après toutes ces étapes, vous obtenez une sorte de poisson qui ressemble à de la gelée. C’est prêt. Miam.
Après avoir effectué un bref tour de table pour savoir pourquoi les Norvégiens s’infligeaient cette tradition tous les ans, une réponse commune est apparue. Ce qui est bon dans le Lutefisk, ce n’est pas le poisson, c’est ce qui va avec. C’est-à-dire, une montagne de bacon et de l’aquavit.
A Noel, heureusement, il n’y a pas que du Lutefisk. De nombreux plats différents existent, comme de la choucroute, des ribs, de la patate douce, des langoustes et… des têtes de mouton. Amis végétariens, passez votre chemin.
Ce mois-ci, nous avons fêté les 100 ans de la compagnie Kings Bay, pour cela il y eut un repas gargantuesque de 7 plats différents. Et 7 vins différents… Ca ne rigole pas.
Un lendemain difficile et quelques Feuerzangenbowle plus tard, il était temps de sortir nos plus beaux pulls de Noel. Ah ! Mais j’y pense, vous ai-je déjà parlé de Feuerzangenbowle? C’est une magnifique tradition de nos amis allemands qui consiste à réchauffer du fin rouge, d’ajouter des épices et des fruits (oranges, pommes). Le tout est placé dans un bol réchauffé à la bougie. Un cône en sucre est alors mis au dessus du bol, on verse du rhum sur le cône (le pourcentage doit être assez important pour enflammer le sucre), on enflamme le tout. Le sucre imbibé d’alcool va alors couler dans le vin chaud rouge épicé. « Fantastik » diraient nos amis Norvégiens. Ce à quoi les Allemands répondraient » sehr schön ».
Une des moralités que l’on peut tirer de ce Noel, c’est que peut importe d’où l’on vienne, Norvège, Allemagne, Chine, Danemark ou France. Le lendemain d’un Feuerzangenbowle, tout le monde aura mal au crâne.
Le Père Noel n’était pas en retard cette année pour le plus grand plaisir des petits et des plus grands. Une pensée pour nos familles en cette veille de Noel, j’espère que le votre aura été aussi inoubliable que le mien.
Je vous souhaite un joyeux Noel et une bonne année 2017 ! A bientôt pour de nouvelles aventures polaires !
Novembre: Tout ou Rien
En ce mois de Novembre, tout le monde a l’espoir que les températures vont chuter car après tout, nous sommes censés être en hiver ici !
Les jours passent et les températures stagnent aux alentours de 0°C. Le temps est majoritairement nuageux voire complètement pourri. C’est pourquoi au moindre éclaircissement du ciel, les paparazzis sont de sortie.
Et oui, c’est bien la Lune, on n’y croyait plus !
Tenez elle est là !
Qui dit beau temps, dit aussi LiDAR ! Le petit rayon vert est enfin de la partie.
Mais qu’est-ce que c’est-y donc qu’un LIDAR? Cela signifie LIght Detection And Ranging, il fonctionne comme un radar sauf qu’il s’agit d’ondes lumineuses à la place d’ondes radio.
Le signal lumineux est généré par un laser de type YAG. Le faisceau va partir dans l’atmosphère et va rencontrer différentes molécules et particules lors de son voyage.
Lorsque le faisceau laser frappe ces petites particules, elles réagissent et renvoient un signal, c’est cette diffusion qui est mesurée par le télescope au sol.
Principe du LIDAR
Le LIDAR à Ny-Alesund sert à mesurer les aérosols et les PSC (Polar Stratospheric Clouds). Les nuages stratosphériques polaires participent à la disparition de l’ozone. En effet, c’est dans ces nuages que se produisent les réactions chimiques entre les CFC (Chloro-Fluoro-Carbone) et l’ozone.
L’ozone possède des cycles en Arctique et en Antarctique. Durant la période froide où les nuages stratosphériques polaires se forment, la concentration d’ozone est normale mais dès que l’hiver touche à sa fin et que les rayons du soleil reviennent sur la stratosphère polaire, des réactions chimiques se produisent au cœur même de ces nuages et provoquent la destruction de l’ozone. Une fois que la basse stratosphère est réchauffée, les réactions chimiques cessent et l’ozone se reforme petit à petit jusqu’au prochain cycle.
Rayon vert
Rayon vert et Starphotometer
Un autre instrument heureux d’avoir un peu de beau temps est le Starphotometer. Cet appareil suit une étoile en particulier (Véga, de la constellation de la Lyre) et mesure son spectre. Comme on connaît déjà le spectre de cette étoile en particulier depuis l’espace, on va ainsi avoir des informations sur l’atmosphère entre le Starphotometer et l’étoile.
L’appareil nous donnera des informations sur l’AOD (Aerosol Optical Depth). Plus nous recueillons de connaissances sur les aérosols et plus nous pouvons essayer de comprendre leur influence sur les changements climatiques.
La période estivale étant bel et bien finie, quelques appareils vont aller passer l’hiver au chaud. C’est notamment le cas du Sunphotometer. Ce nom vous paraît familier? Et bien il est de la même famille que le Starphotometer. Comme son nom l’indique, il utilise cette fois-ci le soleil au lieu d’une quelconque étoile (même si en fait, le soleil est une étoile, juste un chouilla plus proche de la Terre que toutes les autres).
Ce petit instrument mesure donc le spectre du soleil et fonctionne sur le même principe pour obtenir des informations sur les aérosols.
Nous avons deux Sunphotometers à Ny-Alesund. L’un est juste à côté de l’Observatoire et donc facile à démonter. L’autre est tout en haut de la station Norvégienne Zeppelin.
Tout en haut
J’ai délibérément choisi une photo de jour pour vous indiquer sa position. C’est un peu plus dur à trouver quand il fait nuit. Et maintenant il fait tout le temps nuit 🙂
Pour se rendre à cette station, il faut déjà avoir une très bonne raison. Ce n’est pas vraiment un lieu que tout le monde peut visiter. L’empreinte humaine doit y être la plus faible possible au vu de toutes les mesures de pollution effectuées là haut (fumeurs, passez votre chemin).
Le trajet s’effectue gaiement en « Cable Car ». Regardez-moi ça comme ça a l’air solide et rassurant. C’est comme voyager dans une boîte de conserve, il y a à peine de la place pour 4 personnes et il ne faut pas être claustrophobe.
O joie
Cette petite cabine va donc être notre seule protection pendant les 15 minutes de trajet qui nous emmèneront à Zeppelin. J’ai appris une fois de retour au sol que la cabine n’était pas utilisée lorsque le vent soufflait au-dessus de 15 m/s. En effet, il y a alors des chances que la cabine soit « éjectée » du câble qui la tracte et s’écrase lamentablement au sol avec ses passagers/sardines à l’intérieur.
Arrivée Zeppelin
Une fois arrivés à bon port, je découvre la station en haut de la montagne. Il est facile d’imaginer à quel point il a dû être compliqué de construire ce lieu. La station a été officiellement ouverte en 1990 mais après quelques années, elle n’a pas satisfait les demandes de projets. Cet observatoire a donc été démoli en 1999 et reconstruit au même endroit. Zeppelin fonctionne donc maintenant depuis Mai 2000 sans interruption.
Image de jour pour voir la station depuis l’extérieur
Cette station possède de nombreux projets comme:
- Ozone stratosphérique
- Transport de polluants (gaz à effet de serre, ozone, POP…)
- Atmosphère arctique
En plus d’être un regroupement de technologie, la station bénéficie d’un panorama magnifique sur le fjord.
Ny-Alesund
Plateforme à instruments
La construction est vraiment à pic
Une fois là-haut, il est temps de monter sur le toit. En faisant attention bien sûr.
Et une fois sur le toit, il faut démonter le SunPhotometer qui commence à avoir froid. Voici une photo de jour pour vous montrer la bête.
SunPhotometer à côté de l’Observatoire (tube)
Une fois ma mission accomplie, retour à la base en priant pour que la Cable Car tienne bon.
On y croit
Le bon vieux plancher des vaches
Novembre est vraiment le mois des extrêmes. Nous avons pu admirer une pleine lune magnifique se levant à l’horizon, des aurores boréales à couper le souffle et paradoxalement, nous avons aussi battu le record de pluie au Svalbard depuis le début des mesures. Nous avons emmagasiné 105 mm de pluie en 24h.
Le Svalbard est-il réellement un désert?
Presque pleine lune
Enfin pas de pluie
Nous avons pu profiter d’un ciel clair pendant presque deux jours ce mois-ci, ce n’est pas si mal. Mais la fête est finie et la pluie est revenue, ainsi que le vent.
Espérons-juste que la neige va montrer le bout de son nez bientôt.
Sur ce, je vais m’abriter dans un endroit chaud et douillet et je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures polaires.
Octobre: Qui a éteint la lumière?
Entre les jours de pluie, parfois la température est assez basse pour qu’on puisse enfin voir de la neige tomber. Les chiens ont également l’air content ! Hélas, comme d’habitude, le blanc manteau s’en va au bout de quelques heures. Le soleil est également très timide. D’ailleurs, au moment où j’écris cet article, il a complètement disparu sous l’horizon et la nuit polaire s’installe. Vers 12h, nous n’avons plus qu’une légère lumière et la lampe frontale est devenue à la mode.
Au début du mois, nous avons donc profité des derniers jours de lumière !
Il a un beau poil roux, le chien aussi 🙂
C’est donc tout naturellement que nous avons fait un Cabin Trip à Jutta.
Cette cabine est située sur une toute petite île pas très loin de Ny-Alesund. On y accède donc en bateau. Cette fois-ci, la chance est de notre côté, la mer est calme.
Petite cabine sur petite île
5 minutes plus tard, l’autre côté de l’île (oui c’est petit)
La nature c’est tellement beau, les gens restent figés d’émotion
Je ne sais pas ce qui se passe, tant qu’elle s’amuse
Ce fût même l’occasion de tester un plat typiquement Francais. La Croziflette. Si vous ne connaissez pas, c’est le même principe qu’une tartiflette mais au lieu d’utiliser des pommes de terre, vous utilisez des petite pâtes carrées appelées Crozets. Si vous ne connaissez pas la Tartiflette, je ne peux rien pour vous.
Croziflette
Retour au petit matin
La Poste, qui vient de fermer. Les postiers n’aiment pas la nuit polaire
Les épisodes de neige se succèdent suivis d’épisodes de pluie. Les sentiments sont comme des montagnes russes ici » Aahh de la neige ! », « Oooh encore de la pluie ». Il semblerait que le Svalbard ait battu le record de pluie cette année. En attendant, vous pouvez admirer la quantité de précipitations jusqu’à aujourd’hui. Il n’a quasiment pas arrêté de pleuvoir depuis début septembre.
Mais quand il ne pleut pas, le paysage fait rêver.
Frein gelé
Beau
Pour une fois sans les nuages !
Ce mois-ci, Ny-Alesund a inauguré son tout nouveau Museum et des gens importants sont venus tout spécialement pour l’événement.
Le Musée vaut le coup d’oeil, donc si vous passez dans le coin, n’hésitez pas !
Sur ce court article, je vous laisse avec les derniers rayons du soleil que nous avons vu.
A bientôt pour de nouvelles aventures das la nuit totale!
Septembre: Tombe la … Pluie
C’est un magnifique mois de septembre qui commence. Tout partait pourtant bien, les températures descendaient tranquillement en dessous de zéro et nous avons eu le plaisir de voir nos premières chutes de neige.
C’est beau.
Une ambiance « Noel » s’installe avec les flocons et pour la première fois depuis quelques mois, j’ai enfin l’impression d’être en Arctique.
C’est quand même sympa
La ville a revêtu son manteau blanc, hélas – on le verra plus tard – pour une très courte durée…
Ma prochaine maison en bas à gauche
Nous avons à peine eu le temps de nous rouler dans la neige que celle-ci disparait en quelques heures à peine… Les températures remontent et stagnent au-dessus de zéro. L’espoir demeure pourtant, car avec la nuit qui arrive, l’air se refroidit et les chances d’avoir de la neige s’agrandissent.
Il est étrange de voir le soleil passer sous l’horizon après 4 mois de jour total. Les lumières deviennent alors magnifiques et me rappellent l’Antarctique.
Le 7 Septembre, la station japonaise a fêté ses 25 ans à Ny-Alesund. De nombreux politiciens sont donc venus à Ny Alesund pour discuter de l’importance de la station « Rabben » et de leur désir d’agrandir leurs différents projets en Arctique.
La station AWIPEV a quelques projets en collaboration avec la station japonaise, comme le GSAF (Ground-based Spectral radiometer system for Albedo and Flux) ou le MPL (Micro Pulse LiDAR).
lâcher de ballon
Présentation du Micro Pulse LiDAR à l’observatoire
Une fois de temps en temps, des morceaux de ciel bleu apparaissent enfin.
Shayan Island
Parlons maintenant d’une découverte intéressante pas très loin de Ny-Alesund. Un groupe d’explorateurs chevronnés a en effet remarqué la présence d’une île ne figurant pas sur les cartes. Cette île faisant une quarantaine de mètres de diamètre fût baptisée « Shayan Island » par les autochtones.
Coordonnées : 78°51,822’ N et 12°31,066’ E.
Petite île juste avant le glacier
La position de Shyan Island
Et là vous vous dîtes, Comment est-ce possible? Les coordonnées sont au beau milieu du glacier ! Et vous avez raison.
Mais, lorsque l’on passe en vue aérienne, la vérité éclate. La carte date de plusieurs années mais la photographie aérienne est plus récente. On remarque alors la récession impressionante du glacier
En bon explorateurs qui se respectent, l’île a été baptisée et le drapeau planté. Ce drapeau flotte toujours fièrement sur l’île Shayan.
Une très courte apparition du soleil derrière les nuages pour nous rappeler qu’il existe encore.
Le retour des renards a été très remarqué. Ils sont déjà prêts pour l’hiver.
Un événement a marqué la ville de Ny-Alesund: Le Symposium.
De nombreuses personnalités, politiques, chefs d’entreprises et le prince de Norvège se sont réunis autour du thème « Planète Océan ».
Plus d’informations ici :
http://www.ny-aalesundsymposium.no/index.shtml
A bientôt pour de nouvelles aventures polaires !
Août: Migration
Ce mois-ci, rien de très foufou, la routine s’installe et le froid qui avait disparu depuis un moment commence à revenir. Et oui, l’été est bien fini et le soleil qui ne s’est pas couché depuis que je suis arrivée le 11 Avril commence enfin à montrer des signes de fatigue. Mine de rien, la nuit me manque mais je ne le dis pas trop fort de peur de heurter certaines sensibilités.
L’hiver arrive et les animaux se font plus rares, les oies qui nous ont tenu compagnie depuis quelques mois se raréfient et nombreuses sont celles qui ont rejoint un climat plus propice.
Les dernières oies
Nous avons fêté ce mois-ci les 25 ans de la station Koldewey (ancienne station allemande). En effet la station commune franco-allemande n’est apparu que plus tard en 2003. Au début tout le monde se regardait de maière suspicieuse à travers les fenêtres de sa propre station avant de découvrir que le voisin pouvait être aimable et avoir des choses à offrir.
Pour fêter cette évènement de manière non officielle, quoi de mieux que de la bière et des bretzels, nourriture courante chez nos amis saxons.
Choc culturel
La fête est un succès, les gens repartent repus, tous les bretzels ont disparu.
Les derniers rennes
En ce qui concerne les célébrations, nous avons été gâtés avec la visite de Ségolène Royal, ministre francaise de l’environnement.
Pour l’occasion, quoi de mieux que de baptiser le tout nouveau bateau, flambant neuf, sans algues nommé « Luciole ».
Luciole va y passer (à l’eau)
Luciole y est passée
En arrière plan, un petit bateau de l’université de Tromso. Peu importe la taille, l’AWIPEV n’a rien à compenser et expose fièrement ses bateaux.
Et donc Luciole a finalement recu les honneurs d’une bouteille de champagne. (Par souci d’économie et de survie en milieu hostile, la bouteille n’a pas éte cassée mais conservée pour plus tard).
Sans les mains
Le 15 Août, nous avons célébré le jour de l’indépendance Indien devant la station indienne.
Une fois n’est pas coutume, c’est à mon tour de devenir touriste à bor du MS FRAM. Le MS Fram est un bateau de croisière qui appartient à la Norvège et plus particulièrement au groupe Hurtigruten. La bateau est nommé d’après le premier bateau Fram, utilisé par les explorateurs Nansen et Amundsen. Le bateau effectue des croisières en Arctique et au Groenland pendant l’été et en Antarctique le reste de l’année.
Yeah !
Les ours sont toujours dans les environs mais ils deviennent plus rares. Cette année s’est quand meme révélée particulièrement riche comparée aux années précédentes.
Point d’observation des ours
Les groupes de scientifiques s’enchainent et je retrouve des têtes connues, rencontrées de l’autre côté de la Terre.
Jéjé s’adaptant parfaitement a la faune locale
Le dernier renne mangeant les dernières mousses
D’après la légende on peut trouver un tresor au pied d’un arc en ciel. Et bien cela est complètement vrai. Bien sûr il ne s’agit pas d’un coffre rempli de pièces d’or mais de quelque chose de bien plus important: la réserve d’alcool de la ville aka « Le bar ».
L’hiver arrive et les « Summer helpers » s’en vont. Le village se dépeuple petit à petit et bientôt nous ne serons plus qu’une cinquentaine. Un grand merci à tous ces gens et peut- être à l’année prochaine !
Simon va rester mais une petite partie de lui est partie avec Stefano … 🙂
A plus tard pour de nouvelles aventures polaires, peut-être dans la neige, nous avons eu les premières chutes aujourd’hui 🙂
Juillet 2016 : Les ours polaires sont partout
(Photo R.Bürgi)
Après toute cette brume et ces nuages, enfin un week end avec du soleil. Tout le monde est ravi et profite de l’occasion pour s’éclipser en cabine. Au programme de ce week-end : Haugenhytta.
Cette cabine est située dans le Krossfjorden et il faut presque 1h30 de bateau pour y arriver.
Le temps est parfait pour découvrir les alentours et partir à la chasse aux fleurs. Je n’y connais absolument rien en fleurs mais heureusement j’ai avec moi la guide officielle de la flore du svalbard. J’ai donc appris que même s’il y a beaucoup de fleurs roses, ça ne veut pas dire que ce sont toutes les mêmes.
vue sur le Kong Haakons Halvoy (presqu’île sur le centre-droite)

Arctic Compass (une des fleurs roses)
Arctic Skua
Arctic Chili
Ayant parcouru tout ce chemin, une petite halte au glacier nommé « Lilliehookbreen » s’impose. C’est un glacier assez massif tout au nord du Krossfjorden.


Les autochtones de Lilliehookbreen (Photos R.Bürgi)
Pour couronner cette journée riche en paysages, un ours polaire déambule le long de la côte, pas très loin de la cabine où nous avions passé la nuit.
Et nous avons aussi eu deux ours polaires en arrivant au port… Je ne pensais pas qu’ils pouvaient être si proches de la ville, maintenant je comprends qu’il faut vraiment faire attention même en ville.
Security security, polar bears in the harbour !
Nous avons eu la visite ce mois-ci de la ministre allemande de l’environnement qui est venu évoquer de nombreux sujets avec les norvégiens.
Et me voici dorénavant seule à l’observatoire, la période de passation est terminée et René a quitté Ny Alesund. Le départ a été salué par l’orchestre local qui a tout donné sur le quai.
« Nordstjernen »
Et pour terminer cet article, le retour des ours polaires. Deux individus se sont approchés près de la ville ce samedi provoquant l’émoi de toute la population locale.

(Photos Asne Dolve Meyer)
C’est tout pour aujourd’hui, je vous retrouve bientôt pour de nouvelles aventure polaires ! 🙂
(Photo R.Bürgi)
Juillet 2016 : Quand les animaux se rassemblent pour une nuit
Tout commença le vendredi 1er Juillet. Une journée qui paraissait tout à fait normale au premier abord. Les oiseaux chantent, la brume est toujours là mais semble s’éloigner petit à petit. Un de nos camarades ayant passé 2 nuits sur Forlandet a besoin d’un taxi pour le ramener à la civilisation. Ni une ni deux, nous voila partis à sa rescousse.
La rescue team
Le GPS se révèle être notre meilleur ami lors de cette traversée. La brume qui s’était éclipsée pour quelques heures revient de plus belle et le paysage devient d’un gris monotone.
Après 1h30 de traversée constituée essentiellement de brume à 360 °, nous arrivons en vue de Forlandet. Enfin, question de parler. Le GPS nous indique tout proche mais on y voit goutte. Je m’attends presque à voir sortir le Black Pearl à tout moment.
Finalement, nous apercevons une masse informe se dressant devant nous, il semblerait que nous ayons atteint la plage.
Le meilleur point de vue de Forlandet
Le phare de Forlandet
Les autochtones de Forlandet
Notre mission réussie, il est temps de rentrer à la base. Encore faut-il la trouver avec ce brouillard.
Le repos du guerrier
Et au beau milieu de l’océan, une rencontre inattendue. Sur toute l’étendue d’eau possible, nous croisons un morse, flottant mollement à la surface.

Le photographe en pleine action
Fiers de cette aventure, nous décidons de partir en week-end entre francais à Daerten, une cabine à l’opposé de Ny Alesund.

Douillet
A peine arrivés, un renard nous attend déjà et prend la pose. Celui-ci est très curieux et ne semble pas du tout effrayé.
Nick, le renard polaire de Daerten
Il semblerait même qu’il soit vraiment comme chez lui à Daerten.
Profitant du calme loin du village et loin de la centrale, le soleil commence même à faire son apparition. La journée touche à sa fin et après une bonne soirée, il est temps de récupérer.
C’était sans compter sur des visiteurs inattendus vers 2 h du matin. Pris d’un besoin pressant, l’un d’entre nous s’éclipse de la cabine et revient presque aussitôt en découvrant 2 ours polaires à quelques dizaines de mètres de là.
Le temps de trouver Flare gun et fusil, l’un d’entre eux était déjà à la cabane en train de regarder à l’intérieur par la fenêtre arrière…
Heureusement, deux coups de flare gun suffisent pour les effrayer et à les éloigner de la cabine.
Cette bonne poussée d’adrénaline maintient tout le monde éveillé pour un bon moment. C’est donc parfait pour une petite virée en bateau dans le fjord.
On y découvre alors des belugas nageant autour du bateau.
Cette journée est un condensé de tous les animaux possibles. Il ne manque plus que la baleine bleue et quelques orques pour finaliser le tableau.
Nous retrouvons aussi nos visiteurs pour le plus grand plaisir de nos photographes à bord.
(Photos P.Blevin)
Après cette journée où presque tous les animaux ont décidé de venir nous voir, il est temps de repartir. Évidemment, un autre renard vient nous voir avant le départ.
Cette journée restera donc gravée dans les mémoires. Je ne citerai pas de noms mais certains ont même eu la larme à l’oeil 🙂
A très bientôt pour de nouvelles aventures polaires 🙂
Juin/Juillet 2016: Summer is coming
Nous voila donc en été, à nous la plage, les cocotiers et les cocktails à ombrelles.
D’ailleurs les prévisions météos nous annoncent que du beau, tout le monde est ravi. Sauf que voila, y’a pas que meteo france qui a toujours un temps d’avance. Ici, la prévision semble être pour la semaine d’après ou pour un autre pays.
Prévision:
Réalité :
Une légère différence qui n’aura échappé à personne et qui plonge le village dans une certaine perplexité. Nombreux sont ceux qui se demandent si le soleil existe encore.
Malgré ce temps grisâtre, c’est quand même la MidSummer. Et qui dit MidSummer dit MidSummer party. Le thème de cette année: les jeux olympiques. C’est ainsi que Ny Alesund se transforme en village olympique, avec ses coachs, ses athlètes de haut niveau, ses journalistes et ses mascottes.
J’ai eu l’honneur de rencontrer l’équipe jamaicaine de bobsleigh, un lanceur de poids a la nationalité incertaine et de nombreux autres représentants très fiers de leur nation.
La cérémonie d’ouverture comptant pas moins d’une quinzaine de porteurs de torche se termine en apothéose par la course finale de la flamme olympique. Après un buffet pour maintenir les athlètes en forme, les jeux commencent.
Quoi de plus gracieux et difficile que la gymnastique rythmique en groupe? Deux équipes se combattent corps et âmes en tournoyant de manière aléatoire armées de rubans. Le spectacle est divin. La Grèce antique aurait apprécié. Certains osent même des prestations en solo à la grande approbation du jury. (Toutes les photos ont malheureusement été détruites par les participants).
Les équipes erintées doivent ensuite poursuivre avec le célèbre « tir à la corde » olympique. Ce sport nécessite une tactique implacable : avoir des muscles. Si les norvégiens semblent ne pas en manquer, j’ai eu quant à moi la sensation d’être tractée par un 15 tonnes.
Les festivités se terminent par la remise des prix, les médailles coulent à flot et l’alcool aussi.
Ce sera donc une soirée qui restera dans les mémoires, enfin, pour ceux qui s’en souviennent.
Pendant que les humains poursuivent les festivités, les animaux se multiplient. Les petits sont dorénavant de la partie !
Que ce soit les oies, les rennes, les renards ou les ours polaires, les petits grandissent vite. Les oies semblent quand même être défavorisées. Sur tous les petits éclos, 28 % ont disparu en 9 jours. Il faut dire que les renards ont un très bon appétit et ne laissent aucune chance aux pauvres volatiles…
Mais qui peut leur en vouloir, regardez-moi ces adorables renardeaux sortis de leur tanière:
Gouzi gouzi



(Photos P.Blevin)
Pour les lecteurs anglais ou allemands, voici le blog officiel de la base AWIPEV :
AWI Blog : http://blogs.helmholtz.de/79-grad-nord/en/
Sur ce, je vous laisse après ce court article mais ne vous inquiétez pas, un article assez massif est en préparation et va sortir sous peu.
A très bientôt pour de nouvelles aventures , cette fois ce sera les ours polaires !
Juin 2016: L’Ours polaire a faim
Après moultes péripéties et presque deux mois et demi, le voici enfin qui pointe le bout de son nez: l’ours polaire.
Très brève apparition de quelques minutes, juste le temps de passer un petit coucou et de nous rappeler en quoi les fusils sont nécessaires.
Petit ours brun, petit ours calin, j’préfère quand t’es loin
Un peu trop proche du village, le watchman embarque dans son 4*4 et fait fuir la bête qui s’apprêtait à faire un festin de renne.
Le même jour, nous avons eu la visite de John Kerry mais l’ours a quand même eu plus de succès.
Petit week end à la cabine Brandall située pas très loin de la ville (45 min de marche).
Un endroit charmant, face à la mer, peu de touristes, bref le paradis.
en tout cas, Chili apprécie.
Beaucoup de scientifiques sont ici pour étudier la vie sauvage. Parmi eux, des ornithologistes du CEBC (Centre d’Etudes Biologiques de Chizé – La Rochelle). Ceux-ci sont extrêmement intéressés par les mouettes tridactyles qui vivent à quelques kilomètres de Ny-Alesund.
Le but de cette journée est de déployer et collecter des GPS (Global Positioning System) et des GLS (Global Locating System)
Pour ce faire, les ornithologistes attrapent les oiseaux avec une sorte de cane à pêche pendant qu’ils sont sur leurs nids. Au bout de la cane se trouve un collet, lorsque l’oiseau quitte son nid, gêné par la cane, le collet se referme sur lui et le scientifique peut l’amener doucement à terre pour le récupérer.
Pêcher des oiseaux
La manipulation de l’oiseau dure le moins longtemps possible pour éviter de stresser l’oiseau pendant un laps de temps trop important.
Les scientifiques prélèvent des échantillons de sang provenant de veines de l’aile ainsi que quelques plumes qui seront analysées plus tard.
Prise de sang
La mouette tridactyle est aussi mesurée ( Culmen, Hauteur du bec, Tarsus et longueur de l’aile) et pesée.
Les ornithologues gardent aussi une trace du lieu de nichage, en effet, les oiseaux ont tendance à revenir au même endroit chaque année. Ils en profitent aussi pour noter le nombre d’oeufs présents dans la couvée.
Festin pour renards
Il est aussi possible de consulter l’historique de l’oiseau grâce à sa bague. Chaque bague est unique et permet aux ornithologues de garder une trace de tous les événements marquant dans la vie de l’oiseau.
La fameuse bague DTC
Le GPS collecte des données concernant le trajet de l’oiseau. Ceci est très utile pour voir combien de temp et à quelle fréquence la mouette part en mer pour se nourrir. Le GPS doit être récupéré après 2 ou 3 jours à cause de la durée de vie des batteries. La chance de récupérer le GPS décroît aussi avec le temps, le système étant attachée de manière à ce que l’oiseau puisse s’en débarrasser au bout d’un certain temps.
Pose du GPS
Le GLS donne des informations sur la durée du jour. A Ny-Alesund, nous avons maintenant le soleil de minuit donc l’appareil va mesurer que la lumière est omiprésente. Si l’oiseau voyage assez loin et revient à la colonie, le GLS montrera des périodes d’obscurité et les scientifiques pourront déterminer à quelles latitudes l’oiseau s’est déplacé.
Pose du GLS
Après manipulation, la mouette est relâchée et peut retourner dans son nid. La colonie est surpeuplée en ce moment, il n’est donc pas rare que le nid soit « volé » par un autre oiseau pendant ce laps de temps. Quand la mouette revient dans son nid, elle doit donc chasser l’intrus.
Cui Cui
Les renards sont très friands d’oeufs de mouette, un couple s’est donc tranquillement installé un terrier au beau milieu de la colonie d’oiseaux. Après tout pourquoi s’embêter.
Il est où le renard?
Ah le voila !
Concernant les autres animaux nous avons eu la visite de belugas.
Encore plus de mouettes.
A moi
Encore plus d’oiseaux.
Terne arctique
Terne arctique dans une pelle…
Et c’est la fin pour cet article, la prochaine fois, je vous parlerai surement de la mid summer party. A bientôt pour de nouvelles aventures polaires !
Mai/Juin 2016: L’invasion des oiseaux
Ce deuxième mois au Svalbard continue avec le 17 Mai, date très importante pour les Norvégiens puisqu’il s’agit de leur Jour National.
C’est donc en grande pompe que ce jour commence à 6h30. En effet, pour être sûrs que les habitants de Ny-Alesund assistent au lever de drapeau à 7h00, quelques norvégiens se sont occupés de réveiller doucement les gens à coup de trompette et cornemuse. Malgré tous mes efforts pour y assister, je me suis rendormie à mi-chemin.
Lever de drapeau que j’ai malencontreusement raté
Deuxième tentative à 8h30 pour le traditionnel Champagne. Rien de mieux au petit-déjeuner pour commencer une belle journée. Tout le monde est extrêmement bien habillé pour l’occasion, j’ai donc la sensation d’être aussi élégante qu’un chef de chantier. Mon unique objectif étant d’arriver à temps au bon endroit, j’avais complètement oublié le côté « officiel » de la journée. Je m’enfuis donc en courant avant que quelqu’un ne s’aperçoive de mon indécence et pars à la recherche de quelque chose de sortable.
Au programme de la journée: lâcher de ballon, parade, célébration.
Les renards aussi fêtent le 17 Mai
Côté Faune, on se sent de plus en plus à l’étroit avec tous les animaux qui arrivent. De nombreux oiseaux sont revenus et dorénavant, les rennes traînent en ville.
Ils se déplacent en troupeau
Oie
Côté Renard, ça se déplume avec la fin de l’hiver et des touffes de poils volent un peu partout en ville.
Les bateaux de touristes viennent aussi plus fréquemment. Pour l’instant, leur nombre reste raisonnable (quelques centaines) mais il peut parfois être beaucoup plus grand. L’année dernière, un des bateaux avait déversé plus de 4000 touristes sur Ny-Alesund. Un véritable raz de marée humain au Svalbard. Le bateau était apparemment plus gros que la ville.
En cette fin de mois de Mai, ce fut également la passation officielle de la base. La nouvelle équipe est dorénavant en charge du fonctionnement de la base AWIPEV. Pour cela, il a fallu montrer au village que la nouvelle équipe était apte en réussissant des épreuves dignes des 12 travaux d’Hercule (mais plus proches de la version Astérix).
Après avoir remporté dignement toutes les épreuves, nous avons enfin eu les clés de la station et de quoi nous rafraîchir.
On continue le tour des cabines avec cette fois-ci la Cabine « New London » située sur Bloomstrand, l’île en face de Ny-Alesund. La cabine est plutôt grande puisqu’elle peut accueillir au moins 6 personnes.
Après un trajet houleux en bateau, nous voici enfin à New London. Le timing n’est pas vraiment parfait, il y a beaucoup de vent mais le soleil est là. Tout le monde est heureux de se réchauffer près du feu après cette traversée très très humide. Point positif, ce fut l’occasion de tester la pompe pour écoper toute l’eau du bateau. Maintenant on sait aussi que les radios sont waterproof.
Deux cabines à London: Camp Mansfield et 42 (Photo R.Bürgi)
(Photo R.Bürgi)
(Photo R.Bürgi)
J’ai été surprise d’apprendre que même au bout du monde, on peut trouver des geocaches. Sur cette ile il y en a même 3 ! Je n’en ai trouvé qu’une pour le moment mais il me reste encore de nombreux mois pour trouver les autres. (Tiphaine, c’est pour toi !)
(Photo R.Bürgi)
Un chien très malheureux
La neige n’est désormais présente que sur les hauteurs et les Saxifrages apparaissent un peu partout. Il paraît qu’ici, les champignons sont plus gros que les arbres, on verra ça dans les mois à venir!
Sur ce, je vous laisse et à bientôt pour de nouvelles aventures polaires !
Mai 2016 : Sale temps pour les bonhommes de neige
Le mois de mai commence avec une hausse des températures, celles-ci sont maintenant souvent au-dessus de 0°C. La neige commence à fondre un peu partout et la circulation en snowscooter devient de plus en plus difficile.
Pour fêter l’arrivée du printemps, une distribution de glaces maison est de rigueur. Pour cela, le petit véhicule « Goupil » est parfait ! Cette petite voiture électrique a fait son grand retour avec l’arrivée du beau temps.
Les oiseaux sont également de la partie à présent et ils arrivent de plus en plus nombreux. Les ornithologistes vont bientôt arriver en masse pour les observer cet été.
(Photos R.Bürgi)
Photo de moi mais ça se voit, c’est loin et c’est flou
Au Svalbard, on peut trouver toutes sortes de vieux bâtiments abandonnés ainsi que de nombreux morceaux de bois et de métal rouillé. Ceux-ci sont considérés comme héritage culturel. On peut donc aussi trouver d’anciens pièges à renards ou encore les rails du train qui servait pour les mines.
Tchou Tchou
Héritage culturel à l’agonie
Comme je l’ai déjà précisé dans les articles précédents, il existe de nombreux projets sur base. L’un d’entre eux consiste à effectuer un lâcher de ballon à 11h UTC pour avoir des informations sur les paramètres météorologiques comme la pression, la température et l’humidité. Ces données sont entre autres utilisées ensuite pour les prévisions météorologiques.
Il existe aussi les ballons pour mesurer la quantité d’ozone dans l’atmosphère, ceux-ci sont plus gros dus au fait que la sonde à soulever dans les airs est plus lourde.
Un troisième type de ballon permet de mesurer très précisément la quantité de vapeur d’eau dans la stratosphère. Ce ballon là est lâché tous les deux mois et possède un parachute pour le ralentir quand il retombe.
Un week end de liberté m’a permis d’aller faire un tour à la cabine « Gorilla » située de l’autre côté du fjord. Le trajet se fait en bateau, un zodiaque nommé « Sabrina ». Les combinaisons de survie sont de rigueur pour la traversée, en plus le vent était assez élevé lors du départ.
La nouvelle mode à Ny-Alesund
Vent + mer = complètement trempés
Gros glaçon
La cabine était étonnamment grande et chaleureuse, il suffit juste d’amener le nécessaire, bois et nourriture pour passer une bonne nuit au chaud.
Nous avons fait la rencontre de Fred, le renard polaire de « Gorilla » qui est venu passer le bonjour.
Gouziiii
Il prend bien la pose le bougre
La cabine Gorilla est plus proche du glacier que Ny Alesund, on peut donc avoir une belle vue sur la glace de mer.
La flore apparaît par-ci par-là
Un renne qui a perdu un bout…
Le paysage devient grandiose lorsque l’on prend de la hauteur.
La saison des snowscooter touche à sa fin, il est donc temps de se presser et d’aller voir quelques sites intéressants toujours accessibles. Pas très loin de la station se trouvent de nombreuses cabines aux noms incompréhensibles. J’ai heureusement un an pour m’y retrouver. Il me semble que celle-ci s’appelle « Paputa » qui signifie en norvégien « la cabane en papier ». Cela vous donne une petite idée de la solidité de la bête.
La cabane en papier
comme à la maison !
Je ne sais pas s’il est utile de préciser que cette cabine est pour une seule personne à la base. Quelques personnes y vont par deux mais je ne suis pas sûre que ce soit pour la beauté du paysage.
Un petit tour au plateau, pour apercevoir le fjord et l’île du prince Karl de l’autre côté des montagnes.
Prins Karl Forland
Création artistique
Et pour finir cet article, une triste nouvelle: Olaf n’a pas survécu au printemps.
Repose en paix Olaf
Sur ce, je vous laisse avec des photos de renards polaires et aussi un renard bleu !
Georges, le renard bleu
Avril 2016: Iceberg droit devant
Presque trois semaines se sont écoulées depuis mon arrivée et je dois admettre que le temps semble passer très vite ici.
La prise de contact avec l’Observatoire se déroule très bien et je me familiarise de plus en plus avec les instruments de la base. Nombreux sont ceux qui ont un rapport avec les paramètres climatiques, que ce soit des mesures de température, de pression, d’humidité…
Ici, la science est omniprésente. C’est d’ailleurs la priorité de Ny Alesund. Quelques personnes vivent ici à plein temps et sont embauchées par « Kings Bay », une compagnie norvégienne. Ils s’occupent de travaux de charpente, plomberie ou encore électricité. Tout ce qui est nécessaire au bon fonctionnement de la ville est fourni par la Kings Bay.
Les bâtiments où nous vivons sont d’ailleurs loués par l’IPEV et l’AWI mais ils appartiennent à la Kings Bay. Sans eux, rien de ce qui fonctionne ici ne serait possible. Des cuisiniers aux responsables aéroport, en passant par les femmes de ménage, de grands moyens logistiques sont déployés pour que la science soit possible.
L’Observatoire de Ny Alesund est rempli d’instruments de toutes sorte. Parmi eux, voici un Windcube (à gauche) et un système mesurant les polluants présents dans l’air grâce à des filtres (appelé ePOP, Emerging Pollutants).
Windcube et ePOP
Un Windcube sert à mesurer la vitesse et la direction du vent suivant une colonne verticale. En combinant cet appareil avec d’autres, les données obtenues sont très utiles pour avoir une idée de l’évolution climatique ainsi que pour les prévisions météos.
La base italienne et l’AWI utilisent ce qu’on appelle un « Tethered Balloon ». Un ballon attaché à un câble est envoyé jusqu’à 1300 mètres de haut. Les scientifiques attachent des instruments à certaines hauteurs pour avoir des données sur ce qu’il se passe entre le sol et le ballon.
Le ballon italien, affectueusement nommé « Mozzarella »
Un appareil italien qui n’a pas l’air très gentil, je ne reste pas là
Ny Alesund est entouré de glaciers, montagnes, crevasses et aussi de caves de glace. J’ai eu l’occasion d’en voir une de près et le paysage est magnifique.
Pas d’ours à l’horizon, c’est bon !
Pour accéder à ces endroits hors du commun, j’ai eu mon baptême de Scooter des neiges, invention fort pratique et dont j’ai maintenant peine à me séparer. Se déplacer dans ces étendues glacées en scooter des neiges est juste grisant.
Et c’est pile à ce moment là quand tout est beau, que le ciel est bleu et que les renards chantent que le mauvais temps apparaît. Comme d’habitude.
Ma première chute de neige dans le grand Nord ! La visibilité se retrouve considérablement réduite et les skieurs laissent leur skis au placard avec dépit. Certains sont ravis de cette neige fraîche et se voient déjà dans leur prochaine ballade à Scooter des neiges.
Le mauvais temps ne dure qu’un temps et fait place à de belles journées sous le soleil de minuit.
Les voila enfin les trois couronnes !
Toute cette neige a donné naissance à un atelier bonhomme de neige un dimanche après-midi qui fût couronné de succès. Je vous présente Olaf qui je l’espère survivra le plus longtemps possible au Svalbard !
Le retour du beau temps permet aussi de rendre visite à certains instruments excentrés de la base. Une de ces zones s’appelle Bayelva, à cause de la rivière qui y coule pendant l’été. Cette zone sert majoritairement à caractériser le permafrost et possède de nombreux capteurs de température enfouis dans le sol. Pas très loin se trouve le célèbre « Monsieur Moustache », chef d’œuvre local qui veille sur les installations nuit et jour.
Quel déconneur ce Monsieur Moustache
Après la découverte des renards (et des norvégiens), j’ai rencontré un autre mammifère : le renne.
Ils ne sont pas beaucoup pour l’instant mais il semblerait qu’il n’est pas rare d’en croiser dans le village pendant l’été.
Après mon baptême de SnowScooter, c’est le tour du bateau. C’est parti pour une virée dans les glaces du Kongsfjorden à bord du « Jean Floc’h », fleuron de la flotte de l’IPEV.
Naviguer en eau libre est une chose, slalomer dans les glaces en est une autre. L’entraînement est intéressant et permet de voir qu’il faut être sur ses gardes. Les icebergs ne sont pas si faciles que ça à détecter s’ils sont de taille raisonnable et même un petit iceberg peut endommager le moteur d’un petit bateau comme Jean Floc’h.
Le premier bateau de croisière a montré le bout de son nez et quelques touristes ont pris d’assaut la ville, heureusement, seulement pour quelques heures !
Je vais m’arrêter là pour aujourd’hui et je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures polaires !
Je vous laisse en compagnie des renards polaires.
Avril 2016: Le pays des renards polaires
Après tous ces entrainements en Allemagne et en France, me voila partie pour le Grand Nord : Le Svalbard.
C’est avec un mélange d’excitation et d’angoisse que je prends les différents avions qui m’amèneront à Longyearbyen, capitale du Svalbard. Je reconnais un peu la ville mais cette fois-ci, c’est le soleil qui m’accueille lors de mon arrivée à 1 h du matin. Le jour polaire est déjà présent.
La dernière fois que je suis allée à Longyearbyen c’était en janvier et il faisait nuit en permanence. Trois mois plus tard, c’est tout le contraire !
Les paysages paraissent totalement différents à la lumière et surtout plus impressionnants. Je passe la nuit au Mary Ann Polarigg, petit hôtel rustique avec ses décorations en peaux de bêtes et tout en bois. La nuit est courte car il faut prendre l’avion pour Ny-Alesund dans l’après-midi. La traversée de la ville est périlleuse n’ayant pas les chaussures adaptées, mes bottes sont de vraies patinettes et j’enchaîne les figures artistiques au centre-ville en tentant de rejoindre le comptoir pour m’enregistrer sur le vol.
Après quelques chutes, me voila enfin à l’aéroport de Longyearbyen, attendant le départ du petit avion qui m’emmènera à la base.
Une dizaine de personnes seulement peuvent y rentrer mais la vue est tout simplement magnifique.
Le Svalbard est un joyau d’étendues blanches et montagneuses, accompagnées de glaciers et de fjords. Le résultat est à couper le souffle et je reste sans voix devant la beauté des paysages. Je pense que c’est pile à ce moment là que je réalise la chance que j’ai, l’opportunité de travailler dans un environnement aussi sauvage et isolé.

Ma nouvelle maison pour quelques mois
L’avion atterrit après 30 minutes d’un voyage inoubliable et je pose enfin le pied à Ny-Alesund. Je découvre mon nouvel appartement situé dans le bâtiment « Mexico » et portant le nom de « Chihuahua ». Ici, il y a beaucoup de nationalités différentes, norvégien, allemand, français, italien, coréen, chinois, russe…
Je découvre aussi mon nouveau lieu de travail : l’Observatoire.
L’Observatoire regroupe un grand nombre d’instruments et de projets mais je vous en parlerai plus tard sinon cet article ne se finira jamais.
Un bref tour dans la ville, je découvre l’hôtel du pôle nord, probablement l’hôtel le plus au nord du monde.
Il y a aussi la station chinoise avec son entrée caractéristique. Difficile de se tromper.
Et pour terminer ce très bref tour en ville, la Blue House, demeure du chef de station de la base franco-allemande.
Pour bien se mettre dans le bain, le lendemain de mon arrivée, j’ai suivi un cours de maniement de fusil, histoire de bien se rendre compte que l’endroit est certes très beau, mais aussi dangereux. C’est vrai que les ours peuvent être n’importe ou. La visibilité est pour l’instant très bonne avec un ciel dégagé et le jour polaire mais lors de faible visibilité ou nuit, cela doit être difficile de les voir venir.
L’entraînement se fait en position debout et à genoux. La précision est bien meilleure à genoux mais en cas de danger immédiat, on a peut être pas le temps de choisir comment on va se placer, il est donc pratique de s’entrainer dans les deux cas.
Le stand de tir est un peu excentré par rapport à la base donc pour s’y rendre nous avons utilisé ce super moyen de locomotion: la moto neige 10 places.
Pratique
Comme je le disais précédemment, je vais m’occuper de nombreux appareils. Quelques instruments sont situés proches de la mer sur un ponton, ce sont essentiellement des appareils qui mesurent température, humidité, vent. Il y a aussi un autre appareil qui lui va mesurer des paramètres provenant de la mer comme la salinité, la pression, température, pH, etc. Cet appareil est appelé « Ferry Box » et j’en parlerai sûrement plus en détail plus tard.
Un petit bloc de glace échoué = 6 mois de glaçons pour le pastis
Le Svalbard est aussi connu pour ses « 3 couronnes « , il s’agit de montagnes assez caractéristiques, ici vous pouvez en voir deux sur trois en arrière plan.
Lors de ma première semaine, j’ai vu la base française Corbel située à quelques kilomètres de Ny-Alesund. La base porte ce nom depuis 2001 d’après le scientifique Jean Corbel qui était géographe/spéléologue et qui a initié les recherches françaises au Spitzberg.
Base Jean Corbel
La nourriture sur base est très bonne, variée et surtout, en QUANTITE ! Je ne mourrai pas de faim cet hiver et reviendrai sûrement avec quelques kilos en plus…
petit-déjeuner classique : croisants, tartines, onion rings
Il existe aussi des alcools locaux, je suis tombée par hasard sur ce Cognac « Amundsen ». Roald Amundsen est un explorateur norvégien, il est le premier homme à atteindre le pôle Sud en 1911. Une mer, un glacier, une base américaine ont été baptisés d’après son nom mais maintenant j’ai aussi découvert son Cognac !
Après 2 jours sur base, je suis partie à la recherche de la faune locale. Pas les ours mais quelque chose de subtilement plus petit.
Il est passé par ici
Il repassera par là
Et puis enfin, au bout de ces traces, un petit animal qui vient de surclasser chats et pandas roux dans la catégorie « L’animal le plus mignon au monde ».
Gouzi gouzi
Ces petits gaillards sont assez curieux et ne semblent pas effrayés par l’homme. L’un deux est même venu me passer un petit bonjour en me reniflant.
Sur ce, je vais m’arrêter là pour aujourd’hui et à bientôt pour de nouvelles aventures polaires !
Mars 2016 – Terre à l’horizon !
Voici que le mois de Mars touche à sa fin. Tout ceci s’est passé plus vite que prévu et j’approche bientôt de mon départ pour Ny-Alesund.
Au programme ce mois-ci, toujours plus de formations !
On commence par Helgoland, une petite île située au nord de Bremerhaven (le Nord-Nord de l’Allemagne !). Après un trajet de 2h30 par ferry, je découvre cette petite île d’un peu plus de 1000 habitants.
Cette île est particulière et a toute une histoire. Elle a appartenu à l’empire britannique pendant un bon moment qui l’a ensuite laissé à l’Allemagne en 1952 non sans quelques petits soucis. Le passage de la seconde guerre mondiale fut un peu compliqué pour l’île et on ne savait plus trop à qui elle appartenait, rendue aux allemands peu avant, elle fut annexée par les britanniques pour être utilisée comme champ de tir.
En 1947, Helgoland va être l’objet de la plus puissante explosion non nucléaire du monde, les britanniques ayant décidé de détruire les installations militaires. Un grand BOUM a apparemment été entendu jusqu’à Hamburg.
Pourtant, ce n’est pas vraiment la porte à côté…
Voici la vidéo de l’explosion pour les curieux : https://www.youtube.com/watch?v=Z6hKwjoKa-c
Sinon, Helgoland est plus connue pour son tourisme, ses maisons de toutes les couleurs et l’absence de taxes qui intéresse pas mal de visiteurs.
Un petit tour sur la partie haute de l’île vous permettra d’observer le côté sauvage de l’île avec son éperon rocheux abritant de nombreux oiseaux.
En face d’Helgoland se trouve une autre île : Düne.
Düne est bien plus sauvage avec ses plages sablonneuses et les nombreux phoques qui ont décidé d’y habiter. C’est aussi bien plus calme que Helgoland avec ses hordes de touristes arrivant tous les jours à 13 h avec le ferry.
Düne
Et malgré ce que l’on pourrait penser, je ne suis pas du tout là pour le tourisme, je viens voir le projet Ferry Box et UWO (Underwater Observatory) dont j’aurai la charge lors de ma présence à Ny-Alesund. Je vous en parlerai bien plus dans le futur quand je serai sur place.
Retour à Potsdam pour quelques jours et me revoilà repartie pour Brest et la formation bateau. A bord d’un zodiac, la nouvelle équipe enchaîne les manœuvres et la navigation. Notre chef de station ayant déjà effectué un hivernage à Ny-Alesund, c’était plus une formalité pour elle que pour moi. J’ai réussi à maîtriser un peu le bateau sauf lorsque le vent était trop fort, là il faisait un peu ce qu’il voulait…
N’ayant pas mes lunettes de soleil (quand on me dit Brest, je pense pluie), j’ai du adopter le mode « sport d’hiver » avec un masque de ski pour y voir quelque chose… Le résultat est absolument magnifique.
Poussez-vous, j’y vois rien !
La pêche aux moules !
C’est aussi l’occasion de tester l’équipement: la combinaison de survie, bientôt dans les prochains défilés de mode. Elle allie esthétisme et légèreté, de plus, quelle couleur !
Bon pas de chance, celle-ci avait une petite fuite… mais l’eau était bonne.
Ce fut un petit retour en arrière pour moi et un moment de nostalgie lors de mon arrivée à l’IPEV. En septembre 2013 j’y étais pour le séminaire des hivernants juste avant mon départ pour Dumont D’Urville et l’aventure d’un an qui allait s’ensuivre. Rien n’a vraiment changé et c’est justement ça qui rend le sentiment plus fort. On s’y croirait.
Base Concordia : Petite dédicace à Gaëtan ! :p J’espère qu’il n’y fait pas trop froid !
Dernière formation en Allemagne, le lâcher de ballons à Lindenberg au sud de Berlin. Le DWD (Deutscher Wetterdienst) situé à Lindenberg effectue de nombreux lâchers de ballons chaque jour et nous avons eu la chance de pouvoir y participer avant notre départ.
DWD à Lindenberg
Instruments mesurant les radiations (restons simples)
Avec ces formations terminées, je vais aussi arrêter de voyager et rester à la base pendant 14 mois. Ces trois mois ont été riches en mouvement avec environ 15000 km parcourus entre janvier et mars.
J’ai enfin réussi à trouver un peu de temps pour le dessin et j’espère pouvoir continuer ainsi !
A dans un mois pour un prochain article, cette fois-ci, au pays des ours blancs !
Février 2016 : Le pays de la saucisse
Après toutes ces formations, me revoilà sur les routes d’Allemagne. Au programme, une autre formation à Brême puis à Cologne. Je ne pense pas que vous soyez intéressés par comment fonctionne un LIDAR (instrument qui ressemble à un sabre laser vert) de A à Z, du coup, je n’en parlerai pas.
A la place, parlons de Brême.
Mon arrivée sous la pluie ne m’a pas vraiment réjouie, de plus, il faisait nuit. En bref, au premier abord, difficile de se faire une bonne idée de la ville. Heureusement quelques jours plus tard, la pluie cessa pour faire place à un ciel grisâtre laissant filtrer quelques rayons de soleil. Je dois avouer que le centre ville vaut le détour avec ses vieux bâtiments et ses galeries marchandes. Il y a aussi une grande concentration de vendeurs de saucisses.
Je n’avais pas encore remarqué à quel point l’Allemagne était le pays de la saucisse. Il y en a partout. J’ai même trouvé des croissants à la saucisse. Pour information, c’est bizarre mais c’est bon.
Amateurs de charcuterie, n’attendez plus, venez en Allemagne. Dans tous les supermarchés que j’ai pu trouver, le rayon charcuterie était le plus rempli.
Paradoxalement, je n’ai jamais rencontré autant de végétariens de toute ma vie. Peut-être que trop de saucisse pousse à certaines extrémités.
Brême est aussi la ville des fameux « musiciens de Brême ». Pour ceux qui ne connaissent pas c’est un conte pour enfants, je ne me rappelle plus trop ce qu’il s’y passe mais il y avait un âne, un chien, un chat et un coq. En exclusivité, la fameuse statue des-dits musiciens près de l’hôtel de ville.
Un âne qui va vraisemblablement finir en saucisse
Comme je ne suis pas encore au Svalbard, vous n’aurez pas le droit à de jolies photos de montagnes sous la neige ou encore d’ours polaires. A la place, je vais tenter de vous expliquer une petite partie de ce que les scientifiques veulent obtenir à Ny Alesund.
Vous avez tous entendu parler du changement climatique, enfin j’espère. Et bien l’étude de ce fameux changement est loin d’être simple.
Il existe de nombreux procédés atmosphériques qui nécessitent des observations à long terme pour pouvoir être étudiés. C’est pourquoi Ny Alesund est un paradis pour les scientifiques. La base est située à une haute latitude et pourtant elle est facile d’accès ( si si, comparé à d’autres bases aux mêmes latitudes ou encore à l’antarctique, je vous jure que c’est bien plus facile, y’a un avion deux fois par semaine) et en plus elle est, à ce qu’il parait, très confortable.
et en plus c’est joli
Ny Alesund est située dans un fjord sur la côte ouest du Svalbard. Dans cette région, les courants océaniques des plus basses latitudes ont un impact sur la température. Une partie du gulfstream réchauffe l’océan a cet endroit. C’est pourquoi le climat à Ny Alesund est moins extrême que certaines régions sous les mêmes latitudes. Par exemple, la station canadienne Isachsen est 20 degrés plus froide.
Mais le record incontestable reste au pôle sud sur une crête désolée du plateau antarctique oriental avec un petit -93.2 degrés. A côté, Ny Alesund ressemble a s’y méprendre aux Bahamas.
Mes prochaines vacances
La température moyenne en été est en dessus de zéro degrés et en hiver elle descend rarement en dessous de -25. Depuis le debut des mesures, le climat a changé et la moyenne annuelle de température a augmente de 1.3 degrés par décennie.
A Ny Alesund, les scientifiques disposent de nombreux appareils permettant d’identifier, de mesurer et d’enregistrer les paramètres météorologiques, les radiations, aérosols ou encore la concentration d’ozone. Des mesures sont effectuées non seulement au sol mais également dans les airs avec des ballons tous les jours a 11 h. Ces ballons sont appelés radiosondes car la sonde attachée au ballon transmet ses données par ondes radio.
Depuis 1993, un ballon a été lâché chaque jour à Ny Alesund.
Les radiations sont un paramètre important. Si on regarde l’albedo (pouvoir de réflexion) de la surface par exemple, on peut déterminer si le sol est recouvert de neige. En effet, la neige reflète le soleil bien plus que le sol qui lui va l’absorber.
Il apparaît que depuis 20 ans, la couverture neigeuse tend à disparaître plus tôt chaque année.
Je ne rentrerai pas dans les détails aujourd’hui mais voici un aperçu de ce qu’on obtient en données :
Bref, c’est parfois compliqué.
Au Svalbard, les biologistes tentent aussi de savoir l’impact des radiations UV sur la vie sous-marine dans les fjords et comment ces organismes réagissent face à une acidification de l’océan. D’autres étudient l’effet de la pollution chez les oiseaux ( C’est pour toi Pierrot). Les géologues quant a eux s’intéressent plus particulièrement au permafrost et aux changements des glaciers.
Le rôle des scientifiques et de récolter le plus de connaissances possibles pour les présenter aux hommes de décisions afin que ceux-ci puissent établir un plan d’action.
Pour ceux que ça intéresse, voici un lieu vers les différentes priorités de recherches en arctique: https://www.awi.de/fileadmin/user_upload/AWI/Ueber_uns/Service/Presse/2016/1_Quartal/PM_ICARP_III/ICARPIII_Final_Report.pdf
(en anglais par contre !)
Et moi dans tout ça? Et bien je devrai calibrer les instruments, faire les mesures, lâcher des ballons, éviter les ours polaires, réparer tout ce qui casse et bien sur… déneiger.
Le mois de février touche lentement à sa fin, je m’endors un peu moins bête chaque soir et j’espère que ça continuera !
A bientôt pour de prochaines aventures !
Janvier 2016 : Les préparatifs
La nouvelle est tombée depuis un petit moment déjà, je vais partir au Svalbard pour une durée de 14 mois. Ce voyage ne se fait pas à la légère, ordinateur sous le bras en sifflotant, cela nécessite quelques préparatifs.
En effet, la liste des projets scientifiques à Ny-Alesund ainsi que le nombre d’instruments sont assez conséquents et j’ai 3 mois pour m’y familiariser. Les personnes responsables de ces projets n’étant pas regroupées au même endroit, je zigzague un peu partout en ce début de formation.
Je suis tout d’abord accueillie à Potsdam par l’AWI pour 2 jours où je découvre l’institut et les personnes qui y travaillent. Ensuite, direction Bremerhaven pour 3 jours afin de récupérer les vêtements nécessaires à l’hivernage, rencontrer d’autres personnes, découvrir encore un peu plus l’institut. Retour à Potsdam pour 5 jours où je découvre plus en profondeur les projets. Départ pour Longyearbyen afin de suivre la formation survie donnée par l’Université du Svalbard (UNIS).
Au programme : Navigation, glace de mer, premiers secours, tir au fusil, sécurité ours polaires, glaciers, avalanches, bref beaucoup de sujets intéressants.
Plusieurs exercices en extérieur comme l’exercice glace de mer : sauter dans l’eau découpée dans la glace en combinaison de scooter des neiges et essayer d’en sortir avec des pics à glace. Verdict : La combinaison prend l’eau et nous entraîne vers le fond si l’on est pas assez rapide pour sortir. Ce qui était mon cas, j’ai donc vainement essayé de ramper hors de l’eau sans succès. Les instructeurs ont heureusement eu pitié et ont fini par me sortir de là 🙂
L’eau était froide
Les autres exercices ont été moins chaotiques pour moi. C’est vraiment intéressant de voir à quel point tout devient plus compliqué lorsque c’est en extérieur. Faire un massage cardiaque avec une température en dessous de 0°C par exemple ou aller chercher quelqu’un tombé dans une crevasse. Ici, tout est propice à l’accident si tout n’est pas bien planifié.
Au fond de la crevasse
Le tir au fusil était impressionnant, je n’avais encore jamais tenu d’arme et cela fait vraiment un drôle d’effet. Les ours polaires sont nombreux au Svalbard, les chances d’en croiser sont quand même probables lorsque vous partez sur le terrain. Il est donc indispensable d’avoir une arme pour vous défendre en cas d’extrême urgence.
Les ours polaires sont protégés au Svalbard, vous n’avez donc pas le droit de leur tirer dessus à part si votre vie ou celle d’un de vos collègues est en danger.
Il existe des méthodes pour réagir face à un ours, la toute première bien sûr est de faire demi-tour et l’éviter purement et simplement. Cela devient plus compliqué lorsque celui-ci a décidé de vous suivre. Les ours sont réputés pour être très curieux. Dans ce cas, une autre arme appelée « flare gun » sert à effrayer l’animal en tirant des projectiles similaires à des fusées de détresse. Cela suffit en général à faire fuir l’ours. Si tel n’est pas le cas et que l’ours se rapproche invariablement de votre groupe, sortir le fusil devient nécessaire.
When you are ready to fire, FIRE (© René Bürgi)
Quelques aurores ont même pointés le bout de leur nez. Malheureusement je n’ai pas le matériel nécessaire pour immortaliser cet instant mais d’autres l’ont comme le prouvent les photos suivantes.
© Simon Escalle
Pour d’autres photos de Simon cliquez ici : https://www.facebook.com/marchandeglace/?fref=ts
© René Bürgi
Après cette formation, il est temps de repartir pour l’Allemagne où je poursuis avec le séminaire de l’AWIPEV à Bremerhaven. La base située à Ny-Alesund dans laquelle je vais hiverner est une collaboration franco-allemande grâce à l’Alfred Wegener Institut (AWI) et à l’Institut Paul-Emile Victor (IPEV). De nombreux autres pays y sont représentés comme la Russie, la Chine, etc.
Camp antarctique, musée de la Climatologie, Bremerhaven
De nombreux projets scientifiques sont présentés lors de ce séminaire ainsi qu’un peu de logistique. Une deuxième session d’entrainement au fusil a lieu ainsi qu’un examen médical pour déterminer l’aptitude à hiverner pendant 14 mois en Arctique.
Après cette bonne semaine, le mois de Janvier se termine et cet article aussi.
Rendez-vous le mois prochain pour de nouvelles aventures polaires !
Ours polaire, zoo de Bremerhaven
Trajets de Janvier